Une infobésité toujours plus lourde.

10 juin 2025


L’étude de l’année 2024 que vient de publier l’Observatoire de l'Infobésité et de la Collaboration Numérique (OICN) le confirme : la surcharge informationnelle s’aggrave, pour le malheur des salariés, mais aussi celui des entreprises.

Nouvelle venue dans l’univers des risques psycho-sociaux du fait du développement des outils numériques et de leur diffusion, l’infobésité continue de crever tous les plafonds. Derrière ce terme se cache un trop-plein d’informations dont les déversoirs du numérique noient les salariés –à tous les niveaux de la hiérarchie– et dont les effets vont de la perte de productivité à l’épuisement professionnel. Pour la deuxième année consécutive, l’OICN publie un référentiel passant au crible les usages numériques et leurs effets ; un sujet sur lequel notre Fédération a attiré à l’attention à de nombreuses reprises, et sur lequel travaille notamment le Groupe Réseau Santé Sécurité (GRSS) coordonné par la secrétaire fédérale Géraldine Gomiz. « Exigence de réactivité immédiate, de connexion permanente, et isolement numérique : l’infobésité est une des formes les plus visibles de la charge mentale associée au travail de bureau et donc du stress qui en découle et va ensuite avoir des effets délétères sur le salarié », rappelle-t-elle.

La livraison 2024 de l’OICN est malheureusement peu rassurante, puisqu’elle montre une hausse significative du nombre d’e-mails échangés : 69 % des dirigeants en reçoivent plus de 250 par semaine, certains montent jusqu’à 500 ! Autre donnée frappante : une hausse de ce qu’on appelle l’hyperconnexion (ces salariés n’ayant pas coupé le fil numérique après 20h plus de 50 soirs par an). Côté réunions, ce n’est pas mieux, avec un temps moyen par semaine en augmentation, sans oublier plus de journées comportant des “tunnel de réunions” (plus de 6h de réunions dans une journée). Le résultat ? une explosion du multitâches, avec par exemple presque un quart des e-mails des dirigeants envoyés pendant des réunions, et à la clé une inquiétant fragmentation de l’attention, laquelle nourrit la baisse de productivité. Si les dispositifs de type tchat stagnent, les pratiques de travail collaboratif avec des outils comme Teams se diffusent lentement, mais au prix d’un accroissement du bruit de fond numérique, telles les notifications constantes qui perturbent la concentration, avec une réduction significative des temps de travail sans interruption.

Derrière, c’est la qualité de vie au travail qui en pâtit, et donc les salariés. « C’est pourquoi nous incitons les équipes syndicales à s’emparer de cette thématique et à tout faire pour l’inclure dans les accords d’entreprise sur le temps de travail, notamment pour le droit à la déconnexion, ainsi que sur la qualité de vie et les conditions de travail, comme nous l’avons fait récemment chez Thalès et Airbus », fait valoir Géraldine Gomiz. Le message est clair : un travail immense attend les métallos FO. Et ce n’est que le début. Le 28 avril dernier, à l’occasion de la journée mondiale pour la sécurité et la santé au travail, l'Organisation Internationale du Travail (OIT) a lancé une mise en garde concernant l’Intelligence Artificielle (IA), dont elle a pointé les risques pour la santé mentale des salariés.

Dans un rapport qui se penche sur la manière dont l'IA, la numérisation, la robotique et l'automatisation redéfinissent la sécurité et la santé au travail (SST), elle a souligné qu’isolement social, stress technologique, perte d'autonomie et bien d’autres dangers menaçaient les salariés. Si l’OICN a fait le choix de laisser l’impact de l’IA de côté pour l’étude 2024, l’observatoire promet pour l’année prochaine une prise en compte de cette nouvelle technologie et de ses impacts, considérant que face à la surcharge informationnelle, il faut parfois savoir prendre le temps….