Revue de presse du 4 décembre 2025

04 décembre 2025



Terres rares - Bruxelles à l'offensive contre la dépendance à la Chine

(Le Monde, 04 decembre 2025)

LA COMMISSION EUROPÉENNE a présenté, mercredi, ses propositions pour que les Vingt-Sept deviennent moins dépendants de la Chine pour leur approvisionnement en matières premières critiques. Les Européens souhaitent ainsi mettre fin au «racket» auquel se livre Pékin sur certaines entreprises soucieuses de protéger leurs secrets industriels.

Terres rares: Bruxelles passe à l'offensive La Commission présente, mercredi, un plan pour réduire la dépendance des industries européennes à la Chine BRUXELLES-bureau européen

Alors que l'Union européenne (UE) doit renforcer son industrie de la défense, se faire une place dans les technologies d'avenir et sauver ce qui peut l'être de sa base industrielle, il lui faut sécuriser son approvisionnement en matières premières critiques. Mercredi 3 décembre, la Commission européenne a présenté ses propositions pour que les Vingt-Sept soient moins dépendants d'une Chine qui a les moyens de mettre à l'arrêt leurs usines.

La souveraineté est un long chemin sur lequel l'Union avance par à-coups, sur fond de crises successives. Il a fallu que Gazprom ferme le robinet de Nord Stream, après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, pour qu'elle prenne des dispositions pour remplacer le gaz russe. Ces trois dernières années, la Chine a, à plusieurs reprises, organisé l'attrition de ses exportations de certains produits, comme le graphite, le gallium ou le germanium, et les pays de l'Union ont commencé à agir pour être moins vulnérables. Mais, le 9 octobre, quand Pékin a introduit de nouvelles licences d'exportation pour les terres rares, les Européens n'ont pu que constater qu'il leur fallait passer à la vitesse supérieure. Le vice-président exécutif de la Commission, chargé de la stratégie industrielle, Stéphane Séjourné, a souvent raconté comment, tout à coup, son téléphone a été saturé de messages de patrons paniqués, notamment dans le secteur automobile.

Stocks stratégiques Depuis, la Chine a relâché la pression, mais il ne s'agit que d'un «répit partiel», juge la Commission. Pékin n'a pas totalement mis fin à ce que Stéphane Séjourné qualifiait, le 25 novembre, de «racket» sur les entreprises européennes, en leur extirpant «des renseignements relevant souvent, et c'est inquiétant, de secrets industriels», au prétexte de leur demander des informations avant d'autoriser les exportations requises.

En 2024, les Européens s'étaient dotés d'une loi sur les matières premières critiques, qui avait déjà pour ambition de les rendre moins dépendants de la Chine. À l'horizon 2030, l'Union doit assurer au moins 10% de ses besoins d'extraction, 40% de la transformation et 25% du recyclage du cobalt, nickel ou aluminium qu'elle utilise. Surtout, à cette échéance, elle ne peut dépendre à plus de 65% à un seul pays tiers. Depuis, 60 projets stratégiques, dont 47 sur le Vieux Continent et 13 à l'extérieur de ses frontières, ont été identifiés, qui bénéficient de procédures d'octroi de permis accélérées et d'un accès facilité à des financements. Deux ouvertures de mines de lithium, indispensable à la fabrication des batteries électriques, sont ainsi prévues en France. Afin de diversifier ses sources d'approvisionnements, l'UE a par ailleurs signé 15 accords de partenariats dans les minéraux critiques, avec l'Ukraine, l'Australie, le Canada ou l'Afrique du Sud.

Bruxelles juge qu'il est temps d'accélérer et c'est l'objet des propositions de mercredi. La Commission prévoit la création d'un centre dit «CRM» (critical raw material), qui aura pour mission, dès 2026, d'évaluer les besoins européens, d'acheter au nom des Vingt-Sept et de constituer des stocks stratégiques. Inspiré du modèle japonais - le Japan's Organization for Metals and Energy Security, il sera doté d'une force plus importante que les entreprises qui font leurs courses toutes seules.

C'est une condition indispensable si les Européens veulent ne pas voir les États-Unis ramasser tout ce qui peut l'être, alors que Washington est engagé dans une stratégie de découplage de la Chine. «Ils font le tour du monde et achètent à tour de bras, raconte Stéphane Séjourné. Il en sait quelque chose, lui qui comptait se rendre au Brésil mi-novembre pour y négocier un accord de partenariat dans les minéraux critiques et qui a dû annuler son déplacement, après qu'une délégation américaine avait déjà tout acheté. Le Français espère néanmoins toujours pouvoir signer avec Brasilia pour la suite.

La Commission veut par ailleurs donner un coup d'accélérateur aux projets d'extraction ou de transformation de matières premières critiques, qu'elle a identifiés comme stratégiques, en Europe ou ailleurs. Avec un premier focus sur quatre d'entre eux, qui pourraient devenir opérationnels d'ici à 2029 et sécuriseraient les chaînes de valeur des aimants permanents, de l'industrie de la défense et des batteries. «Certains peuvent aider à réduire la dépendance de l'UE à un pays de 30% à 50% d'ici à 2029», affirme-t-elle.

Simplifier l'octroi de permis Pour ce faire, l'exécutif communautaire a dégagé 3 milliards d'euros pour les aider dans l'année à venir et compte amender le cadre réglementaire en vigueur pour simplifier plus encore l'octroi de permis. Ce qui nécessitera qu'elle touche à la directive-cadre sur l'eau, qui vise à prévenir et réduire la pollution de l'eau. Elle pourrait aussi devoir amender le règlement Reach, qui a amélioré la protection de la santé et de l'environnement contre les risques liés aux substances chimiques, ou la directive CMRD sur les agents cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction, qui protège contre les risques liés à l'exposition à ces substances.

Autre préconisation de Bruxelles: plus de recyclage. «Moins de 1% des terres rares sont recyclées en Europe», insiste la Commission, qui propose, au premier semestre 2026, d'interdire l'exportation de déchets d'aimants permanents en dehors de l'Union et d'imposer des taxes à l'exportation sur les déchets d'aluminium. Ainsi, «des entreprises de recyclage comme Carester et Solvay en France ou Inspiree en Italie [pourraient] contribuer à la production de 3800 tonnes d'aimants permanents dans les prochaines années, ce qui correspond à 20% de la demande actuelle», explique-t-elle.

La Commission veut aussi mieux protéger son marché intérieur et pouvoir, si la Chine ou un autre pays venait à interrompre ses livraisons d'un produit stratégique, en restreindre l'accès.

Mais, prévient Stéphane Séjourné, «nos entreprises doivent jouer le jeu de leur sécurité économique, cesser d'acheter 100% chinois». La Commission travaille à un dispositif qui obligerait les grands industriels à diversifier leurs achats. Les entreprises doivent aussi faire des stocks plus importants qu'elles n'ont l'habitude de le faire. Tout cela a un coût. «Le coût de l'indépendance est élevé mais il est bien plus faible que celui de la dépendance!», tranche le commissaire français.



Les stratagèmes des Européens pour contourner les règles chinoises

(LA TRIBUNE, 04 decembre 2025)

ÉCONOMIE MÉTAUX CRITIQUES Les stratagèmes des Européens pour contourner les règles chinoises

Dans sa dernière enquête sur le commerce des métaux critiques, La Fabrique de l'industrie évalue six solutions pour réduire la dépendance à la Chine. Les industriels européens ont des armes mais elles vont nécessiter beaucoup de temps et d'organisation. MAXIME GIRAUDEAU

Début octobre, la Chine a porté le coup de grâce en annonçant de nouvelles restrictions à l'exportation de ses précieuses terres rares. En vertu de sa future réglementation, Pékin pourra octroyer ou non des licences d'exportation pour les produits fabriqués sur les autres continents et qui contiennent des terres rares chinoises - avions ou éoliennes par exemple. Sous la pression de Washington, les dirigeants chinois ont finalement repoussé d'un an la mise en application de ces règles, mais grâce à elles, la Chine tiendra au creux de sa main une partie de l'industrie mondiale, décidant comme bon lui semble de mettre à mal les chaînes de valeur régionales.

C'est dans le contexte d'une année 2025 où les métaux critiques ont été au centre des batailles géopolitiques que deux chercheurs de La Fabrique de l'industrie, David Lolo et Jonathan Fellous, publient une enquête sur la dépendance à la Chine. Et surtout, sur les moyens à disposition des européens pour la renverser.

Les métaux critiques sont cruciaux pour répondre aux besoins de la transition écologique puisqu'ils permettent de construire des éoliennes grâce aux aimants, des batteries électriques ou encore des moteurs. Si l'Empire du Milieu concentre 91% du raffinage mondial des terres rares, tout n'est pas encore perdu pour le Vieux continent.

Des contrats de long terme avec des sources diversifiées Le commerce des métaux critiques est avant tout un jeu de boursicotage. Dans les grands groupes, les responsables des approvisionnements ont pour ordre d'optimiser les achats des matières premières. En clair: tout faire pour acheter quand les cours sont au plus bas. Mais avec la fin de la disponibilité perpétuelle des métaux, les industriels changent de paradigme. Pour éviter d'éteindre des lignes de production, ce qui génère des coûts immenses, ils doivent non plus s'assurer un approvisionnement à bas coût mais un approvisionnement constant. D'où la possibilité de nouer un contrat d'approvisionnement à long terme avec un fournisseur, qui s'engage à délivrer des volumes indépendamment du tumulte géopolitique. «Ces contrats sont souvent signés pour une durée de dix à quinze ans, avec des modalités à négocier comme un prix fixe ou fluctuant selon le cours du London Metal Exchange», explique à La Tribune l'économiste David Lolo, co-auteur de l'enquête.

Une démarche souvent couplée à la diversification des fournisseurs. Mais la multiplication des sources d'approvisionnement n'est pas si simple. Il faut parfois compter plusieurs années avant de certifier un nouveau fournisseur ou de qualifier une nouvelle pièce, comme l'explique dans nos colonnes le PDG de Safran. La diversification n'immunise d'ailleurs pas totalement si la source quasi-unique, en l'occurrence la Chine, se tarit.

Acheter des stocks, ou même ses propres fournisseurs Constituer des stocks stratégiques est la solution d'urgence choisie par la France face à la rupture chinoise. Les pouvoirs publics exhortent les usines à s'y mettre. «Tant que les entreprises n'auront pas intégré que les stocks sont un actif stratégique et pas un passif, on n'y arrivera pas», glisse un représentant ministériel. Tandis que la France patine, plusieurs pays s'y mettent, comme l'Allemagne ou le Canada. Car chez nous, les fédérations industrielles estiment que la constitution de stocks relève plutôt des pouvoirs publics, comme les économistes le relèvent dans leur ouvrage. «Le stockage bute très rapidement sur une lourdeur financière, car il représente du capital immobilisé qui augmente les besoins en fonds de roulement», montre David Lolo.

Une option qui nécessite des financements, tout comme celle encore plus ambitieuse du rachat des fournisseurs. Échaudés par la crise du titane, Airbus et Safran s'y sont essayés, en rachetant en 2023 le producteur d'alliages complexes Aubert et Duval. Dans l'automobile, les auteurs rappellent que Stellantis est entré au capital de quatre sociétés minières entre 2022 et 2023. «Les barrières capitalistiques sont très fortes. Quand Stellantis arrive, elle doit investir dans l'outil industriel, ce qui génère des dépenses très lourdes», appuie l'économiste. L'intégration verticale est largement réservée aux grands groupes même si la réflexion s'impose de plus en plus dans tout le tissu industriel.

Substitution et recyclage de la matière Est-on condamné à devoir utiliser des métaux critiques? La réponse est globalement oui si l'on veut assurer la transition énergétique dans la mobilité et l'énergie. D'après des données de MinéralInfo, l'enquête de La Fabrique de l'industrie montre que seuls quatre métaux stratégiques (cuivre, graphite, palladium, platine) sur une liste de dix-huit sont remplaçables sans perte de performance. «La grande majorité des métaux stratégiques ne sont, en réalité, pas substituables à isoperformance à ce jour», lit-on.

Certains industriels mènent pourtant des programmes de recherche pour tenter de trouver des matériaux moins critiques. En Charente, Leroy-Somer a par exemple réussi à remplacer les terres rares par des ferrites dans un moteur électrique. Renault a également éliminé les terres rares de la Zoé, dès les débuts de cette voiture électrique en 2012.

Là encore, les connaissances se révèlent longues et coûteuses à obtenir. Alors beaucoup misent sur une nouvelle filière massivement soutenue par la France et l'Europe: le recyclage des terres rares. Grâce aux différents projets de retraitement, dont l'usine de Carester près de Pau, la France pourrait couvrir 100% de ses besoins en aimants permanents d'ici 2030. La promesse d'une filière souveraine nourrit bien des espoirs, même si elle n'est pas aussi compétitive que la Chine en terme de prix. «Il reste à construire tout un écosystème industriel autour du recyclage. Cela demande des dépenses d'investissement importantes. Cette relocalisation à l'échelle française est assez poussive mais elle est très prometteuse», insiste David Lolo. Preuve de l'engouement, certains groupes contractualisent déjà avec les futurs recycleurs pour sécuriser des volumes. Ou quand le monopole chinois n'est plus immuable. LT Légende photo: Safran fait partie des entreprises qui réduisent leur dépendance aux terres rares chinoises. REUTERS Légende photo: Des échantillons de minéraux de terres rares (à gauche, oxyde de cérium, bastnasite, oxyde de néodyme et carbonate de lanthane).



En France, le fonds pour les métaux critiques peine à décoller

(Le Monde, 04 decembre 2025)

ÉCONOMIE & ENTREPRISE En France, le fonds pour les métaux critiques peine à décoller En 2023, le pays s'est doté d'un fonds d'investissement, géré par une société privée, pour sécuriser son approvisionnement à long terme

C'était en janvier 2022. Le lundi 10, Philippe Varin, ancien patron du constructeur automobile PSA, remettait aux ministres chargées de l'écologie et de l'industrie, Barbara Pompili et Agnès Pannier-Runacher, un rapport sur la sécurisation de l'approvisionnement en matières premières minérales. L'industrie s'inquiétait de l'envolée des prix et de sa dépendance à la Chine pour ce qui concerne les terres rares et autres matériaux critiques nécessaires à l'électrification de l'économie.

Dans la foulée, un plan d'action était annoncé avec la création d'un fonds d'investissement minier. Des initiatives similaires ont ensuite été lancées en Allemagne et en Italie. Quatre ans plus tard, l'Europe est toujours aussi dépendante de la Chine et la Commission européenne devait présenter, mardi 3 décembre, un plan pour y remédier. Quelle leçon peut-on tirer du dispositif français imaginé dès 2022?

Confié à un gestionnaire privé, InfraVia, spécialiste des investissements en infrastructures, le fonds pour les métaux critiques est créé en 2023, donc. «Nous passons d'une économie basée sur le carbone à une économie basée sur les métaux», annonce InfraVia, qui veut préparer «un changement de paradigme dans la demande de métaux spécifiques tels que le lithium, le nickel, le cuivre, les terres rares et le graphite» et «mettre en service des capacités...»


Michelin débranche sa filiale Watèa face à un marché trop timide

(LA TRIBUNE, 04 decembre 2025 - Contenu partiel)

INDLSTRIi: UTILITAIRES ELECTRIQUES Michelin débranche sa filiale Watèa face à un marché trop timide Quatre ans seulement après sa création, Michelin ferme sa filiale Watèa. Spécialisée dans l'électrification des flottes professionnelles, l'entreprise rencontre une demande trop faible et un marché sans perspectives claires. 45 salariés sont concernés par le plan de licenciement.

EMILIE VALÈS C'est la fin pour Watèa, filiale du manufacturier auvergnat Michelin (70%) et du Crédit Agricole Leasing & Factoring (30% depuis avril 2023). L'aventure n'aura duré que quatre ans. L'entreprise, spécialisée dans l'accompagnement à la transition énergétique des flottes professionnelles, n'a pas rencontré le succès escompté dans un marché de l'électrification des utilitaires encore naissant. Cette fermeture s'accompagne d'un plan de licenciement qui va toucher 45 salariés. L'arrêt de l'activité devrait intervenir au printemps, selon les syndicats. Seule une équipe technique restreinte assurera le suivi des contrats en cours. Dans un court communiqué, le groupe Michelin, qui ne souhaite pas révéler le montant de son investissement dans Watèa, explique cette décision «par un environnement économique incertain et un contexte réglementaire qui a connu de nombreuses évolutions, telle que le rythme de mise en place des ZFE (zones à faibles émissions, ndlr) et les ajustements des mesures d'incitation au passage à l'électrique». (RCC) afin d'ajuster l'effectif à l'activité fortement réduite, permettant le départ d'une vingtaine de personnes. Mais cela n'a pas suffi à relancer la dynamique. L'entreprise avait aussi opéré un changement d'orientation. Avec des services axés au départ sur les petites entreprises de livraison ou les services urbains d'intervention, l'entreprise s'était ensuite ouverte à de plus gros acteurs, espérant gagner en volume. Mais la demande n'a pas suivi. La majorité des clients ont souscrit des contrats pendant la période 2022-2023, puis l'entreprise a enregistré un net ralentissement. «À son plus haut niveau, le parc de véhicules gérés par Watèa dépassait les 1.300 véhicules», précise la direction de Michelin à La Tribune. Insuffisant pour garantir une rentabilité, estiment les experts. «Ce modèle nécessite une masse critique de clients pour supporter les coûts: achat des véhicules, force commerciale et de maintenance», analyse Arnaud Aymé de Sia Partners. Désormais, les discussions vont porter autour du plan de licenciement et de l'avenir des 45 salariés, dont la moitié se trouve à Paris, l'autre à Clermont-Ferrand. Ces échanges entre la direction de Watèa et le CSE doivent durer deux semaines. « Nous ne remettons...



L'industrie automobile dans le reste du monde

USA: Trump supprime des restrictions de Biden sur la consommation des véhicules

(AFP - AGENCE FRANCE-PRESSE ECONOMIQUE, 04 décembre 2025 - Contenu partiel)

Donald Trump a annoncé mercredi l'allègement de la réglementation sur la consommation et les émissions des véhicules, évoquant une baisse de leur prix d'achat mais des critiques anticipent une hausse des factures à la pompe et l'accélération du changement climatique. "Nous supprimons officiellement les ridiculement contraignants et horribles standards CAFE de Joe Biden qui imposaient des restrictions coûteuses, et toutes sortes de problèmes", a déclaré le président américain dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, sans donner de détails mais vantant une "mesure historique". Il faisait référence à la réglementation dite "Corporate average fuel economy" créée en 1975 après la crise pétrolière, puis amendée par différentes administrations pour réduire les émissions polluantes et de gaz à effet de serre. Après être revenu, lors de son premier mandat, sur les mesures du gouvernement Obama en la matière, il fait de même concernant leur renforcement drastique instauré par Joe Biden. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, le climato-sceptique Donald Trump a révoqué ou amputé de nombreuses mesures favorisant la transition électrique des véhicules. Le ministère des Transports estime, dans un communiqué, que le nouveau dispositif - baptisé "Freedom Means Affordable Cars" - permettra d'éviter une hausse de 1.000 dollars à l'achat... Réaction similaire d'Antonio Filosa, patron de Stellantis, qui a aussi plaidé pour des "politiques environnementales responsables permettant aussi (aux constructeurs) d'offrir à (leurs) clients la liberté de choisir le véhicule qu'ils souhaitent au prix qu'ils peuvent payer". General Motors a réitéré son engagement "à fournir la meilleure et plus large gamme de véhicules à motorisations électrique et à combustion du marché". L'Alliance pour l'innovation automobile "examine" les nouveaux critères mais "nous sommes ravis" qu'un nouveau dispositif se profile, a réagi John Bozzella, son président. "Les règles CAFE finalisées sous l'ancienne administration représentaient un défi extrême pour les constructeurs", a-t-il relevé, jugeant également nécessaire de "préserver le choix des consommateurs et la compétitivité internationale" des groupes américains. Mais Gina McCarthy, conseillère sur le climat dans les administrations Biden et Obama, estime que ce rétropédalage va, au bout du compte, nuire à l'industrie automobile et aggraver le dérèglement climatique. "S'il y a plus de gaz à effet de serre, cela va se payer par la santé publique et la facture de l'assurance", a-t-elle alerté. Michael Becker, du Centre pour la diversité biologique, a affirmé, quant à lui, que Donald "Trump détruit la plus grande initiative jamais entreprise par un pays pour lutter contre la consommation de pétrole et la pollution qui contribue au changement climatique, et pour aider les consommateurs à économiser à la pompe". Le gouvernement Biden avait imposé une réduction progressive de la consommation des véhicules, avec l'objectif de rouler en moyenne plus de 50 miles avec un gallon d'ici 2031 (80 km pour 3,78 litres). Avec le nouveau dispositif, cela descend à 34,5 miles par gallon, selon le ministère. "Pas mieux" qu'actuellement, a réagi M. Becker. Le ministère avait considéré en juin que les objectifs de Biden seraient inaccessibles aux véhicules à combustion et imposeraient donc la transition électrique. "Atteindre les objectifs d'économie de carburant était difficile pour l'industrie automobile et ajoutait au coût des véhicules. Cependant, les consommateurs apprécient les véhicules économes en carburant", a commenté mercredi Charlie Chesbrough, économiste de Cox Automotive. Depuis fin 2023, les grands constructeurs ont revu à la baisse de nombreux projets liés aux véhicules électriques car l'appétence du public a été inférieure aux anticipations.



Michelin débranche sa filiale Watèa face à un marché trop timide

(LA TRIBUNE, 04 decembre 2025 - Contenu partiel)

INDLSTRIi: UTILITAIRES ELECTRIQUES Michelin débranche sa filiale Watèa face à un marché trop timide Quatre ans seulement après sa création, Michelin ferme sa filiale Watèa. Spécialisée dans l'électrification des flottes professionnelles, l'entreprise rencontre une demande trop faible et un marché sans perspectives claires. 45 salariés sont concernés par le plan de licenciement.

EMILIE VALÈS C'est la fin pour Watèa, filiale du manufacturier auvergnat Michelin (70%) et du Crédit Agricole Leasing & Factoring (30% depuis avril 2023). L'aventure n'aura duré que quatre ans. L'entreprise, spécialisée dans l'accompagnement à la transition énergétique des flottes professionnelles, n'a pas rencontré le succès escompté dans un marché de l'électrification des utilitaires encore naissant. Cette fermeture s'accompagne d'un plan de licenciement qui va toucher 45 salariés. L'arrêt de l'activité devrait intervenir au printemps, selon les syndicats. Seule une équipe technique restreinte assurera le suivi des contrats en cours. Dans un court communiqué, le groupe Michelin, qui ne souhaite pas révéler le montant de son investissement dans Watèa, explique cette décision «par un environnement économique incertain et un contexte réglementaire qui a connu de nombreuses évolutions, telle que le rythme de mise en place des ZFE (zones à faibles émissions, ndlr) et les ajustements des mesures d'incitation au passage à l'électrique». (RCC) afin d'ajuster l'effectif à l'activité fortement réduite, permettant le départ d'une vingtaine de personnes. Mais cela n'a pas suffi à relancer la dynamique. L'entreprise avait aussi opéré un changement d'orientation. Avec des services axés au départ sur les petites entreprises de livraison ou les services urbains d'intervention, l'entreprise s'était ensuite ouverte à de plus gros acteurs, espérant gagner en volume. Mais la demande n'a pas suivi. La majorité des clients ont souscrit des contrats pendant la période 2022-2023, puis l'entreprise a enregistré un net ralentissement. «À son plus haut niveau, le parc de véhicules gérés par Watèa dépassait les 1.300 véhicules», précise la direction de Michelin à La Tribune. Insuffisant pour garantir une rentabilité, estiment les experts. «Ce modèle nécessite une masse critique de clients pour supporter les coûts: achat des véhicules, force commerciale et de maintenance», analyse Arnaud Aymé de Sia Partners. Désormais, les discussions vont porter autour du plan de licenciement et de l'avenir des 45 salariés, dont la moitié se trouve à Paris, l'autre à Clermont-Ferrand. Ces échanges entre la direction de Watèa et le CSE doivent durer deux semaines. « Nous ne remettons...



Hydrogène: Symbio prévoit de supprimer plus de 350 postes près de Lyon

Le spécialiste des piles à combustible pour véhicules électriques, Symbio, va supprimer plus de 350 postes sur son site de Saint-Fons, près de Lyon, a-t-on appris mercredi de sources syndicales, citant un document transmis par la direction aux représentants du personnel.

Une "réunion d'information-consultation" des élus du personnel est prévue vendredi matin, précise un communiqué de l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, FO et CGT). "La direction de Symbio nous a transmis les documents qui annoncent un plan social avec la suppression de plus de 350 postes sur un effectif total de 600" sur ce site de Saint-Fons, a déclaré à l'AFP un représentant CFDT. Selon lui, le plan concernera "principalement" les services de Recherche et Développement (R&D) et sera "compensé par la création de 150 à 200 postes sur d'autres sites du groupe" , notamment à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. Symbio, coentreprise à parts égales entre Forvia et Michelin, est spécialisée dans les piles à combustible pour l'électrification des véhicules, notamment pour des utilitaires et des poids lourds. L'entreprise avait inauguré en décembre 2023 sa "gigafactory" de Saint-Fons. Elle devait y produire 16 000 piles par an pour les véhicules utilitaires de Stellantis, un de ses actionnaires historiques (via PSA). Mais Symbio a été rattrapée par le ralentissement de la demande en véhicules à hydrogène, selon les syndicats. L'État avait investi à hauteur de 600 millions d'euros, dans le cadre d'un plan européen de subventions, et plaçait beaucoup d'espoir dans cette "gigafactory". "La transition énergétique et écologique arrive maintenant" , s'était félicitée la ministre de la Transition énergétique de l'époque, Agnès Pannier-Runacher, lors de l'inauguration. Mais Stellantis n'a "jamais concrétisé ces volumes en commandes fermes" , selon les élus du CSE, et en juillet le constructeur a officialisé son retrait, expliquant ne pas voir de "perspectives de rentabilité économique à moyen terme". Michelin avait alors condamné une "décision inattendue, brutale et non concertée".


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AFP - AGENCE FRANCE-PRESSE ECONOMIQUE Hydrogène: Symbio prévoit de supprimer plus de 350 postes près de Lyon Edition : 03 d�cembre 2025 P.2-4 p. 2/2

Stellantis avait à l'époque évalué à 700 millions d'euros le coût de la fin de ce programme dans l'hydrogène. Une conciliation avait ensuite été engagée devant le tribunal de commerce, afin d'obtenir une compensation financière. L'intersyndicale se dit "préoccupée par ce plan de licenciement, dont l'impact social sera désastreux pour le site" de Saint-Fons. Elle juge "inadmissible et irresponsable l'attitude de Symbio (Forvia-Michelin) et de Stellantis qui se sont pourtant engouffrés dans les aides massives de l'État pour leur projet". "C'est inacceptable que 350 personnes, en très grande majorité des ingénieurs et techniciens, paient une décision à court terme, au regard de la transition écologique à mener" , a dénoncé le représentant CFDT. Selon lui, le plan devrait être achevé fin 2026. Contactée par l'AFP, la direction de Symbio n'a pas souhaité faire de commentaires. Symbio avait déjà été confronté en février 2024 à un premier ralentissement, se séparant par une Rupture Conventionnelle Collective (RCC) d'une vingtaine de personnes. Ce plan social intervient alors que Stellantis avait aussi annoncé le 11 octobre la suppression de 470 postes sur son site de Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise. Symbio, dont l'ambition était de devenir un leader mondial des piles à hydrogène, détient désormais deux sites: Saint-Fons (production et R&D) et Vénissieux (R&D).

Lithium: Vulcan Energy lève 2,2 milliards d'euros pour un projet majeur en Allemagne

La société australienne Vulcan Energy a annoncé mercredi avoir levé 2,2 milliards d'euros pour financer son projet "Zero Carbon Lithium" en Allemagne, qui vise à produire du lithium sans émissions de carbone.

Cette levée de fonds est la plus importante jamais réalisée pour un projet de lithium en Europe. Le projet de Vulcan Energy consiste à extraire du lithium de la saumure géothermale dans la vallée du Haut-Rhin, en Allemagne. La saumure, riche en lithium, sera pompée depuis les profondeurs de la terre et le lithium en sera extrait à l'aide d'une technologie à échange d'ions, puis la saumure sera réinjectée. Le processus utilisera de l'énergie géothermique pour la chaleur et l'électricité nécessaires, ce qui devrait en faire un processus à faible impact carbone. Vulcan Energy a indiqué que les fonds proviennent d'un consortium de banques, d'institutions financières et de partenaires industriels, dont le constructeur automobile Stellantis, un actionnaire clé, qui a notamment participé à la levée de fonds. "La participation de nos partenaires stratégiques, dont Stellantis, reflète la confiance dans notre technologie et notre capacité à fournir du lithium à faible impact carbone pour la transition énergétique en Europe" , a déclaré Francis Wedin, le PDG de Vulcan Energy, cité dans un communiqué. Stellantis s'est engagé à acheter 81 000 à 99 000 tonnes métriques de lithium par an sur une période de cinq ans, à partir de 2026. La production devrait commencer fin 2026. Vulcan Energy prévoit de produire suffisamment de lithium pour alimenter 1,5 million de véhicules électriques par an. Le projet comprend également la construction de centrales géothermiques, qui fourniront de l'énergie renouvelable à l'Allemagne. Le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, a salué cette annonce comme "un pas important vers la création d'une chaîne de valeur du lithium en Europe et la réduction de la dépendance à l'égard de la Chine".

AFP - AGENCE FRANCE-PRESSE ECONOMIQUE Lithium: Vulcan Energy lève 2,2 milliards d'euros pour un projet majeur en Allemagne Edition : 03 d�cembre 2025 P.3 p. 2/2

Il a souligné que le projet Vulcan Energy est "un exemple de la manière dont nous pouvons exploiter nos propres ressources de manière durable pour soutenir la transition énergétique". Le projet a toutefois soulevé des inquiétudes environnementales dans la région, notamment sur les risques de séismes liés à la réinjection de la saumure. Vulcan Energy a déclaré qu'elle travaille en étroite collaboration avec les autorités et les communautés locales pour garantir la sécurité et la durabilité du projet. L'entreprise a également mis en place un système de surveillance sismique en temps réel. La filière européenne des batteries s'accélère avec des projets d'extraction et de raffinage de lithium en France et en Allemagne. Ces projets visent à sécuriser l'approvisionnement en matières premières critiques pour l'industrie automobile européenne, face à la domination chinoise. Selon les prévisions de l'UE, la demande de lithium devrait être multipliée par douze d'ici à 2030. L'Europe vise à produire 40% du lithium nécessaire à ses batteries d'ici 2030. Le succès du projet de Vulcan Energy est considéré comme un indicateur clé de la capacité de l'Europe à développer une chaîne d'approvisionnement en lithium souveraine et durable.



Marché auto allemand: l'électrique chinois en plein essor en novembre, le retard allemand persiste


Le marché automobile allemand a enregistré en novembre sa cinquième hausse mensuelle consécutive, selon des chiffres publiés mercredi qui sont marqués par la progression des véhicules électriques, notamment chinois, qui surclassent des constructeurs locaux encore à la peine.


Si le segment électrique porte le marché, avec une hausse de 59% sur un an, la plus forte depuis plus de deux ans, ce sont surtout les constructeurs étrangers qui en profitent, à commencer par le chinois BYD, dont les ventes continuent d'exploser.


Le leader mondial de l'électrique éclipse l'américain Tesla dont le fantasque patron Elon Musk fait toujours figure d'épouvantail chez les clients potentiels.


Les constructeurs allemands, de leur côté, peinent à suivre le rythme de la transition vers l'électrique face à une concurrence étrangère produisant des véhicules rapidement et à moindre coût.


Globalement, le nombre d'immatriculations de véhicules neufs a grimpé de 2,5% sur un an, à 250.671 unités, selon les chiffres publiés mercredi par l'Agence fédérale automobile (KBA).


En cumul depuis janvier, les ventes progressent de 0,7%, mais restent inférieures de 21% au niveau d'avant pandémie de Covid-19.


Toutes motorisations confondues, BMW réussit à se maintenir, Volkswagen limite la casse, mais Mercedes et Porsche subissent de nets reculs.