Revue de presse du 21 mai: Electrification des mobilités : des financements publics incertains

21 mai 2025


Confrontées  à  des  choix  budgétaires  majeurs,  les  politiques publiques font aujourd'hui un pas en avant et deux pas   en   arrière,   tant   pour   les   aides  aux  particuliers  -  bonus  écologique  ou  leasing  social  -  que  pour  le développement des infrastructures que sont les bornes de recharge

- KAK

Pour  accompagner  la progression de l'électrification en France, un effort significatif a été consenti par l'Etat. Entre 2018  et  2022,  ce sont 7,7 milliards d'euros de soutien public qui ont été dispensés en aide à l'achat. En clair, près de  85%  des  achats  de  véhicules électriques ont bénéficié d'un soutien de la part de l'Etat. Sur la même période, les  malus  (taxation des véhicules thermiques à l'achat, à partir d'un certain seuil) ont rapporté moins de 2 milliards d'euros.  Un  financement  loin d'être à l'équilibre et qui, pour des raisons budgétaires, a été l'objet de révisions à la baisse.

Le  bonus  écologique  pour  l'achat  d'un  véhicule  électrique  neuf  est  désormais  plafonné à 4.000 euros, contre 7.000  euros  auparavant.  Dans  le  détail,  en  2024,  le  bonus automobile est de 4.000 euros pour les 5 premiers déciles,  il  est de 3.000 euros pour les déciles 6 à 8 et plonge à 2.000 euros pour les déciles de 8 à 10. « L'opinion publique  est  très  sensible  aux  décisions  politiques  et  les  coupures  dans  les  aides à l'achat pour des raisons budgétaires  ont  pesé  sur le développement de la flotte de véhicules électriques en 2024 », déplore Jean-Philippe Hermine.  Ce  bonus  écologique  devrait  rester  inchangé  en  2025.  Cependant,  dans un contexte de restrictions budgétaires fortes, de nouvelles révisions à la baisse pourraient advenir. Ce    bonus    écologique    devrait   rester inchangé  en  2025.  Cependant,  dans  un  contexte  de  restrictions budgétaires fortes, de nouvelles révisions à la baisse pourraient advenir.

Les ménages les plus modestes pourraient eux aussi être concernés. En 2024, la France a mis en place un leasing social ,  une  offre  de  location  longue durée de véhicules électriques à 100 euros par mois pour permettre aux ménages les plus modestes d'accéder à une mobilité propre. « Ce dispositif a permis à     50000     ménages d'accéder  à  l'électrique  pour  une  durée  de  trois  ans. Son principe est assez vertueux mais son fonctionnement

Cette  année,  il  sera  financé par les certificats d'économie d'énergie », explique Diane Strauss, qui  déplore  qu'à  l'issue de la période de location, aucune alternative ne soit proposée à l'utilisateur. Par ailleurs la mesure  est  loin  d'avoir  un  impact  systémique.  « Il faudrait pour ce faire que le parc social atteigne un million de véhicules et que la durée de détention soit d'au moins six ans », estime Diane Strauss.L'Europe  réfléchit  à  un  programme  semblable,  calqué  sur le modèle français. Reste que pour ce faire, il faudra trouver  des  financements.  En  2024,  le  financement  public  français  pour ce dispositif s'est établi à 650 millions d'euros.  En  2025,  il  faudra  faire  tout autant, voire plus avec moins : le leasing social devrait être reconduit, avec une enveloppe de 300 millions d'euros.

Les spécialistes de l'infrastructure prêts à freiner

Du  côté  des  spécialistes  des  infrastructures,  au  premier  rang  desquels  se trouvent les énergéticiens (Enedis, TotalEnergies   ou   encore   EDF),  des  acteurs  spécialisés  sur  les  charges  ultras  rapides  (Electra,  Facened), l'incertitude demeure. En  février  2021,  l'État  français  a  débloqué une enveloppe de 100 millions d'euros dans le cadre du plan France Relance pour soutenir le développement des bornes de recharge rapide. Le   programme Advenir  doté  d'un  budget  de  520000  millions  d'euros  pour  l'installation  de  bornes  de  recharge en immeuble collectif, en entreprise ou sur la voirie publique perdure jusqu'en 2027, mais qu'en sera-t-il ensuite?

Les spécialistes de l'infrastructure, via l'association   nationale   pour  le  développement  de  la  mobilité  électrique (Avere France), déplorent  le  manque  de  clarté  des  politiques  publiques.  L'appel  à  projets  de l'Ademe pour le déploiement  de  stations  de  recharge  pour  véhicules  électriques  a  été  définitivement  clos en décembre 2023, principalement  en  raison  de  contraintes  budgétaires.  «  Sans  ce  soutien,  des  projets  ont  été stoppés, car ils n'étaient plus tenables. Nous sommes désormais moins accompagnés, en dehors du programme    CEE   Advenir. Pour  les  acteurs  du secteur, il s'agit d'investissements à long terme avec une rentabilité qui se mesure à partir de 7  ou  8  années.  Ces  investissements  ne  tiennent  que  si la trajectoire de décarbonation reste claire », souligne Clément Molizon, délégué général de l'Avere-France.

Au  regard  de  la  situation actuelle, le CEO de TotalEnergies Charging Services, Nicolas Longatte, entend investir de   manière  «  raisonnée  ».  «  Nous  investissons  sur  les  infrastructures  de  recharge  de  manière  raisonnée. C'est-à-dire   que   nous   accompagnons   également  la  transition  de  nos  clients  sur  les  autres  énergies.  Sur l'installation  de  bornes de recharges rapides, nous nous tenons prêts à accélérer, mais nous sommes dépendants de la dynamique du marché », explique-t-il.